Le cerveau régule de manière autonome nos fonctions vitales (cœur, respiration, digestion…), il est le siège de nos fonctions cognitives, de notre mémoire, il nous permet de percevoir et d’interpréter notre environnement au travers de nos sens… Et il est également le siège de l’affect et des émotions.
Bien sûr, ceux-ci se traduisent dans le corps par des sensations et des modifications de notre physiologie : notre cœur et notre respiration s’accélèrent quand nous avons peur ou sous le coup d’une émotion agréable comme la joie ou le sentiment amoureux ; notre température corporelle et notre système digestif sont également modifiés par les émotions que nous ressentons…
Mais tout ce processus est orchestré au niveau du cerveau qui perçoit la situation, l’analyse avec tous les filtres qui sont propres à chacun de nous, en fonction de notre histoire, de notre culture, de nos expériences antérieures et du contexte, et qui coordonne notre perception, nos ressentis et nos réactions physiques et corporelles… puis le corps lui-même, renvoie des informations vers le cerveau, et c’est cet échange, ce dialogue permanent qui crée la relation corps-esprit.
Les nécessités de survie de l’espèce humaine ont modelé beaucoup de nos réactions par défaut sur le modèle du combat-fuite-inhibition : je perçois un stress, une menace, et en fonction de l’évaluation que je fais de mes propres capacités, je vais réagir en évitant ou fuyant la menace, en faisant face pour combattre, ou en subissant la situation.
Si ces stratégies nous ont été fort utiles dans un environnement hostile et dangereux comme l’était notre planète il y a 100 000 ans, elles ne sont pas toujours adaptées à la vie dans notre société moderne.
En effet, la plupart des stress que nous percevons de nos jours ne mettent pas directement notre vie en danger, mais sont plutôt de nature psychologique : l’accélération de nos rythmes de vie et le manque de temps, la surcharge de tâches, la sur-stimulation de notre système nerveux par les écrans, la vie en milieu urbain, la circulation…
Mais notre cerveau n’a que peu évolué au cours des 10 000 dernières années. Il ne fait pas la différence entre une menace réelle et une menace psychologique, et y réagit toujours comme si notre survie était en jeu.
Comment cela se traduit-il sur le plan émotionnel ?
En cas de stress émotionnel chronique, la fuite est une réaction de peur qui se traduit par l’évitement ; le combat par l’irritabilité, l’agressivité et la colère, et l’inhibition par le fait de subir la situation, ce qui peut mener à la dépression.
D’autre part, pour être en capacité de réagir, certaines structures de notre cerveau ont un rôle fondamental pour nous mettre en alerte et nous permettre de repérer les dangers éventuels, en particulier l’amygdale et l’hippocampe. L’amygdale scanne en permanence notre environnement à la recherche de menace contre notre intégrité, et l’hippocampe met en mémoire ces données et pourra réactiver une émotion lors d’un souvenir par exemple.
Une des conséquences de ces fonctionnements est que notre cerveau fait velcro aux vécus négatifs et les retient ; et téflon aux vécus positifs qui passent souvent sans laisser de traces.
Comment cela se traduit-il ?
Et bien par exemple, au cours d’une journée, disons normale, ni catastrophique, ni extraordinaire, ce qui vous en restera, et ce que vous aurez tendance à raconter, sont plutôt les événements négatifs, les contrariétés ou les problèmes que vous avez rencontrés, et pas le sourire d’un passant, cette femme qui vous a laissé passer au rond-point, ou encore le peu de monde qu’il y avait au supermarché.
Et lorsque nous sommes en épuisement émotionnel, nous allons ressasser les mauvais moments, les désaccords, ce qui nous agace et nous irrite. Bref, nous fixer sur le négatif.
Alors comment faire ? Est-il possible de contrer cette tendance naturelle, ce biais de négativité ?
Oui c’est possible, et c’est ce que nous disent les neurosciences depuis une bonne dizaine d’années : notre cerveau est plastique, et nous pouvons modifier, par l’exercice de certaines pratiques, sa structure et son fonctionnement.
Nous pouvons diminuer la sensibilité et la réactivité de l’amygdale, et entraîner notre cerveau à prêter attention au positif.
Les méditations que nous vous proposons dans les modules de la méthode ChamboulTwo© vont toutes en ce sens, et vous pouvez également rajouter des petites pratiques simples :
– D’abord, lorsque vous vivez un moment agréable, que ce soit un échange avec un·e ami·e, une petite satisfaction au travail, une sortie dans la nature, un temps de repos et de tranquillité, appréciez pleinement ce moment, goûtez-le, ne le laissez pas passer sans en profiter complètement.
La simple prise de conscience du caractère agréable de cet instant libère des hormones qui participe à notre bien-être, comme la dopamine ou l’ocytocine, et renforce petit à petit notre capacité à apprécier les petits bonheurs au lieu de nous fixer sur les petites contrariétés.
– Autre possibilité : en fin de journée, prenez un temps pour vous remémorer trois petits événements agréables qui ont eu lieu. Des choses simples comme le coup de fil d’un·e ami·e, le fait d’avoir pratiqué une méditation, une place de parking qui se libère juste quand vous en avez besoin, ou avoir eu le temps de boire un thé ou un café au soleil…
Cela vous permet de vous focaliser sur le positif. Et des études démontrent que ressentir de la gratitude diminue le stress et améliore notre bien-être émotionnel et notre santé physique avec une amélioration de notre immunité et une diminution des risques cardio-vasculaires.
Peut-être au début aurez-vous du mal à les trouver. Mais vous verrez que, petit à petit, les événements positifs vous reviendront plus facilement.
Pour mieux ancrer cette routine, vous pouvez également les noter dans un carnet à cet effet. Et peut-être pourriez-vous commencer par exprimer de la gratitude envers vous-même pour avoir pris la décision et mis en action votre volonté d’aller vers un mieux-être dans votre vie personnelle et relationnelle.